Aïkido : Le piège de l'efficacité et des valeurs

Publié le 22 Mars 2017

O senseï discutant amicalement de l'efficacité :-) (source : aikidojo.fr)

O senseï discutant amicalement de l'efficacité :-) (source : aikidojo.fr)

J'adore m'aventurer sur les sujets où je ne devrais pas. Et si vous êtes en train de lire ces lignes, c'est que vous attendez sans doute que j'y aille.

Paradoxalement, je me suis rarement penché sur mes expériences personnelles en matière d'efficacité ou de non efficacité et je vous avouerais que je n'ai jamais eu le besoin ni de m'affirmer en la matière, ni d'exprimer une opinion utile, ni de revendiquer un quelconque crédit sur le sujet. Malheureusement, vous pouvez constater que ce n'est pas le cas de la majorité des pratiquants d'arts martiaux.

Dire qu'il n'est pas rare que constater sur le net, les magazines et sur les différents tapis du multivers que les budoka(s) (et autres athlètes martiaux) sont bavards sur ce thème (en bien ou en mal) est un euphémisme. Là où il existe des hommes qui se battent (où font semblant de se battre), il y en a toujours des gens pour revendiquer les victoires.

En tant que kohaï (n.d.a : débutant), je ne suis également plus très sur de savoir si mon avis vous intéresse parce que je suis censé subir cette "efficacité" de mes pairs plus gradés ou parce que je suis susceptible d'avoir une "expérience" à ce propos avant d'être un "pyjama/ceinture blanche" (et je ne suis pas le seul d'ailleurs...).

Le cas de l'Aïkido est toutefois symptomatique dans le sens où il va totalement exacerber certaines passions sur deux terrains connexes : celui de l'efficacité et celui des valeurs en opposition à cette efficacité.

Alors parlons (enfin) un peu d'efficacité sur le blog Aïki-kohaï, voulez-vous ?

 

L'efficacité en Aïkido et ses impasses :  

En préambule, je dois explorer ce terrain à la lueur d'éléments que je peux exposer à ce jour sur le blog et dont je discutais il y a peu avec Philippe Gouttard. J'expérimente en effet dans le cadre professionnel des situations de conflits plus ou ou moins aggravées nécessitant que je sois maître de moi et que je puisse réagir.

N'ayant pas le droit (ni l'envie) d'entrer dans les détails, disons que je travaille depuis deux ans dans un cadre où la violence est possible et que, depuis quelques mois, je suis régulièrement des cours basiques de self-defense auprès d'un instructeur pour pouvoir faire face en cas d'agression spontanée.

Ainsi, je ne peux pas manquer de faire le parallèle entre ce que j'ai connu lorsque je pratiquais l'escrime et le taekwondo dans ma jeunesse (des disciplines plus axées sur le coté sportif), ce que je connais de l'Aïkido à ce jour (un budo) et ce que j'expérimente dans un cadre plus pragmatique en parallèle. 

Est-ce que je constate que l'Aïkido n'est pas un système de défense efficace ? 

Oui et non (je m'explique avant que le torrent des commentaires brûle mon cosmos).

Le cursus de mon instructeur de self defense est à la base le Vovinam Viet Vo Dao et je ne vais pas mettre ici en doute ses compétences concernant la self-defense car je constate sincèrement à la fois son expérience et un réel travail de sa part pour initier des professionnels sans expérience de la sécurité. Je pourrais même dire que je suis admiratif de son engagement sur le sujet car je constate que la majorité des personnes qui doivent être sensibilisées sur ce point ne sont pas de pratiquants d'arts martiaux, des "combattants expérimentés" ou des gens avec une expérience significative en matière de sécurité. 

Le rapport à la violence, à ses différents aspects physiques et psychologiques sont donc complètements nouveaux pour la plupart et je constate aussi que c'est en réalité vraiment très difficile de faire entrer quelques notions de base dans la tête et le corps de la quasi totalité des gens...

... En ce sens, j'ai pu constater que l'Aïkido me donne souvent une longueur d'avance. Pourquoi ?

Je n'ai pas peur du déséquilibre ou de la chute (même sur un vrai sol). En tant que budoka, je suis largement habitué au contact physique (la base de la base) qui survient fatalement en cas d'agression. Et je comprends aisément quelques principes (la distance, le timing etc...) et quelques éléments techniques (contraintes, clefs, atemi, saisies etc...).

Je constate toutefois que l'Aïkido peut s'avérer également problématique dans certaines situations car un agresseur peut frapper là où je ne sais pas encaisser ou bien résister assez facilement à la majorité des techniques que nous allons apprendre en cours, y compris si ces techniques sont pratiquées par des Aïkidokas d'un niveau correct (n.d.a : je pense à Kaiten nage, irimi nage ou même shiho nage car je me suis amusé avec mon instructeur)

Et c'est là qu'on va commencer à s'engueuler entre nous, lectrices, lecteurs, parce que les pratiquants sont fiers de leurs maîtres, de leur discipline, de ce qu'ils vont apprendre sur un tapis et c'est bien normal.

Je connais déjà la plupart des discours abordés sur le sujet par les pratiquants d'Aïkido :

-Il y a ceux qui vont m'indiquer que l'Aïkido ne "marche" qu'après 10, 20, 30 ans d'expérience et que je ne suis qu'un petit scarabé (ou une buse/abruti).

-Il y a ceux qui vont me dire que c'est parce que mon école est nulle et qu'évidemment, il existe des écoles efficaces (en général, l'école du contradicteur en question).

-Il y a ceux qui vont tenter de me dire que ce n'est pas le sujet ou bien me dire que l'Aïkido n'est pas du tout fait pour ça.

-Il y a ceux (enfin) qui vont me noyer dans un mélange métaphysique ou philosophique avec peut être d'autres arguments des catégories précédentes. 

Je ne vais pas affirmer, contrer, démontrer, argumenter sur l'ensemble de toutes les problématiques qui vont se poser sur ce vaste débat qui fait (très) mal à la tête. Je n'ajouterais pas non plus les avis des pro et des anti-Aïkido, en général pratiquants d'une discipline "sportive" avec ce qu'il y a d'efficace et de non efficace à l'intérieur de cet enseignement.

Je tiens seulement à exposer un avis très clair à l'aune de ma (maigre) expérience de pratiquant disposant d'assez de chance (ou de malchance) pour graviter sur différentes passerelles de l'univers martial (au sens littéral) :

L'Aïkido qui se pratique dans 90% des dojos n'est pas efficace pour diverses raisons. Tout d'abord et principalement parce que ce n'est pas l'objectif pédagogique de la grande majorité des enseignants

Nous pratiquons dans un univers (très) sécurisé où les techniques sont prévues, étudiées, répétées avec des partenaires connus qui, le plus souvent, ne savent (et parfois ne doivent) pas porter une attaque réelle et efficace. Comment pourrions-nous affirmer dans ce cas que nous pratiquons un art qui se veut efficace en cas d'agression sans mentir aux élèves ?

Est-ce que l'Aïkido en lui-même est une discipline efficace ? Absolument.

Sans rentrer dans d'infinis détails historiques et techniques, je peux affirmer au quotidien que l'enseignement sérieux de l'Aïkido permet souvent de garder une certaine maîtrise de ses esprits en cas de conflit ou de situation d'agression. Je peux également affirmer que la pratique de l'Aïkido avec un bon professeur va affiner votre perception, votre vigilance et votre capacité à réagir à un assaut adverse dans le cas d'une attaque globalement conventionnelle (comprendre dans ce cas une attaque frontale ou de biais contre un adversaire).

Comprenez toutefois que l'efficacité est aussi (et surtout) affaire de physiologie et de psychologie du combat comme l'expose très bien Christophe Jacquemart, l'auteur de Neurocombat dans ses ouvrages.

Comprenez en premier lieu que les premières nano-secondes d'une situation à risque nécessitant l'efficacité, vont imposer un combat interne avant tout inconscient. Mon cerveau est-il en capacité d'assimiler ce qui arrive ou pas ? Est-il entraîné pour ça ou pas ?

Comprenez également que la majorité des attaques réelles sont non conventionnelles (hors du champ de vision avec parfois des armes inconnues et plusieurs agresseurs différents sur un terrain complexe), non prévisibles, létales (comprenez mortelles) et pragmatiques (l'agresseur vise les parties génitales et les organes vitaux).

Comprenez enfin que le niveau de violence engagée dans ce cas va dépasser la quasi totalité des pratiquants de n'importe quelle discipline (y compris les sports de combats dont les styles sont bien plus agressifs).

Vous devinez ainsi que le "simple" Aïkidoka, même très bien entraîné, qui vient pratiquer pour le plaisir ou sa recherche n'est absolument pas de taille et c'est totalement normal. 

Est-ce grave ?

Oui et non. Si le pratiquant (et son professeur) sont conscients de cette réalité et qu'aucun des deux ne va surestimer ses capacités, tout va bien dans le meilleur des mondes. Attention en revanche si le pratiquant et/ou le professeur vient "vendre" une méthode de self défense efficace immédiatement. Les dommages peuvent être dramatiques.

Est-ce grave pour l'Aïkido ?

Oui et non. Il ne sera jamais possible de rendre un Aïkido efficace pour le plus grand nombre dans la mesure où l'enseignement de l'Aïkido en matière d'efficacité nécessite un entrainement spécifique que la grande majorité du cursus d'Aïkido classique va omettre au quotidien. Précisons aussi que cet enseignement est beaucoup plus difficile à mettre en place en Aïkido que dans d'autres disciplines (je pense au Karaté Shotokan où Léo Tamaki confirmait notamment que, en pleine seconde guerre mondiale, l'enseignement de celui-ci était réservé aux kamikazes japonais tandis que l'Aïkido d'avantage réservé aux espions).  

Les raisons de cette affirmation ci-dessus sont diverses mais si je devais ne citer qu'une raison majeure de cette difficulté supplémentaire que rencontre les Aïkidokas, je dirais : la complexité des techniques à mettre en oeuvre, 

L'essentiel n'est donc pas d'aller se heurter à l'impasse de cette efficacité virtuelle que nous cherchons à atteindre par la répétition sans but d'un répertoire technique qui ne possède pas les clefs nécessaires pour résoudre le problème.

Il s'agit surtout d'aller éprouver ce répertoire, de chercher à améliorer ses compétences en tant qu'individu (parfois avec d'autres techniques) et de confronter ces compétences et son propre corps à des situations réelles. 

J'ai pu ainsi constater par le travail avec des partenaires sans aucune connaissance de l'Aïkido qu'un travail concret sur l'intention permet de réactiver la conscience des dangers d'une posture ou d'un déplacement. Le travail concret sur l'atemi permet parfois de "réactiver" l'efficacité d'une technique d'Aïkido qui ne passera jamais sur un simple contrôle (n.d.a : souvent il s'agit d'ailleurs de l'intention naturelle de la technique). Rappelons sur ce dernier point que ce travail peut s'avérer aussi historiquement juste car l'Aïkido d'O-senseï est Irimi ET Atemi (50% de "déplacements dans "le corps du partenaire", 50% de "frappes") selon son propre propos (admis) sur le sujet.

J'ai également mieux compris la nécessité d'apprendre à encaisser de vrais impacts, à utiliser son corps, travailler sans parole ou encore de maintenir une garde efficace (ce qui s'étudie tout à fait dans le cadre d'un budo et a fortiori de l'Aïkido avec un professeur).

Nous ne sommes plus sur les champs de bataille, la violence n'est pas en augmentation mais elle existe bel et bien. Il ne tient qu'à nous, en tant qu'individu, d'adapter nos capacités martiales et humaines à ce défi. La discipline que vous pratiquez n'est qu'un outil supplémentaire et pas un certificat d'authenticité.

D'ailleurs, si je voulais vraiment fâcher tout le monde, je dirais qu'aucune discipline compétitive ou même "de loisir" ne va conférer un degré d'efficacité relatif, même s'il est plus rapide d'apprendre à donner un coup qu'à s'harmoniser avec celui-ci, a fortiori si vous êtes physiquement plus affûté que la moyenne des Aïkidokas (ce qui, avouons le, n'est en général pas difficile).

Son sourire ne veut pas dire que la frappe ratera sa cible

 

Les valeurs de l'Aïkido comme justificatifs réguliers de ses lacunes :  

Historiquement et techniquement, l'Aïkido possède toutes les clefs de l'efficacité mais sa philosophie et ses "valeurs" vont parfois devenir la justification pour une pratique "éthérée" voire inefficace. Là encore, cette affirmation n'est pas forcément dommageable s'il n'y a pas mensonge sur le contenu et la méthode.

La recherche d'un professeur d'Aïkido et la nature de l'art en lui même peut tout à fait justifier d'un travail dans un contexte où l'efficacité reste totalement secondaire (ou tertiaire) et c'est normal.

Le fait de pratiquer un aspect de l'Aïkido totalement inefficace ne veut pas dire forcément qu'il ne s'agit pas d'Aïkido et d'une mauvaise pratique. Il est, en effet, vital et complémentaire d'étudier l'inutile, tous les aspects non efficaces de la discipline et non pas uniquement de rechercher une finalité de type self-defense.

Vendre toutefois les "valeurs" de l'Aïkido (bienveillance, non opposition, compassion, harmonie avec autrui et soi même) pour justifier du fait qu'on veut "épargner" un partenaire de l'efficacité tout en vantant une pratique efficace au quotidien va s'avérer problématique (je m'explique).

Il y a dans ce cas un mensonge et l'élève et le professeur sont à nouveau dans l'impasse où chacun va se méprendre sur ses capacités réelles et sur les dangers et conséquences d'une agression. Je suis malheureux de répéter cela car je me rends souvent compte que nous (les Aïkidokas) sommes très critiques à l'égard d'autres arts centrés sur des aspects sportifs comme le Karaté, le Judo alors que nous ne disposons souvent pas en réalité de compétences en matière d'efficacité...

...tout en nous dissimulant derrière de belles valeurs pour excuser ces lacunes.

Ayons l'honnêteté de dire notre recherche n'est pas forcément efficace. Soyons fier de celle-ci, y compris si elle n'implique pas l'efficacité ou si l'efficacité n'est que secondaire ou tertiaire.

Soyons cependant réaliste sur le fait que la pratique d'un art martial non efficace perd forcément de son intérêt pour le grand public. Ce n'est pas moi qui le dit mais cette analyse réaliste concernant la chute de l'intérêt pour l'Aïkido dans le monde.

En 10 ans, nous pouvons constater que le grand public s'intéresse majoritairement à des disciplines martiales jugées utiles en cas d'agression. Il est également facile de constater, chiffres officiels à l'appui, que l'âge d'or de l'Aïkido est derrière nous, non pas faute d'experts mais faute d'experts à même d'intéresser le grand public sur ce sujet.

Et ce qui fait rêver les gens est en général l'efficacité d'un art martial, même si cette efficacité est aussi très relative dans un cadre compétitif codifié ou bien dans le cadre d'une pratique complexe.

Le jeune néophyte se fout bien (malheureusement) de savoir si l'Aïkido va lui être bénéfique pour la santé ou le mental...s'il peut apprendre tout de suite quelques techniques libres pour faire des clefs de bras à son petit cousin, c'est un constat. Peut être allez-vous trouver que je caricature (un peu) mais nous sommes bien loin du temps où un pionnier de l'Aïkido défiait une bande de jeunes judoka en quête de sensation prouvant que l'Aïkido est aussi... un art qui permet de lutter efficacement malgré sa complexité.

Imaginez un peu (mais si c'est totalement absurde) un Teddy Riner en train de défier n'importe quel maître d'Aïkido d'aujourd'hui et vous comprendrez pourquoi l'Aïkido ne fait plus rêver. Il ne s'agit pas de s'acheter une légitimité en démontrant qu'on peut battre n'importe qui mais bien d'être en capacité réelle d'appliquer les valeurs de notre discipline sans se cacher derrière celles-ci :

Les témoignages prouvant que maître Ueshiba, maître Noro ou maître Tamura savaient le faire sont bien réels (bien que parfois édulcorés). Qu'est qui a changé ?

Est-ce le monde des arts martiaux qui s'est amoindri en misant tout sur les valeurs sportives et en cela, en donnant priorité aux capacités purement athlétiques ?

Ou bien est-ce l'Aïkido, qui n'a pas su répondre à cette évolution par un travail sur lui-même pour compenser parfois ses lacunes actuelles par un autre travail ?

Sommes-nous aller chercher des réponses inadaptées à notre art en voulant trop "le sportifier" plutôt que d'aller récupérer une légitimité dans ses racines où même en ayant le courage de faire évoluer la technique ?

Avons-nous standardisé à tel point que la pratique de l'Aïkido n'est devenu qu'un gigantesque kata sans aucun sens concret ?

J'ai l'impression, si vous voulez (encore) mon humble avis que nous sommes encore une fois cachés trop souvent derrière nos valeurs pour ne pas voir le problème.

Ces valeurs incarnent souvent une tradition qui n'existent pas toujours. Plutôt que d'aller chercher la tradition réelle, nous avons souvent mimé cette tradition sans connaissance du fond qui va avec. Nous imitons encore à la façon de la première étape du Shu Ah Ri sans le savoir. Nous "habillons" nos pratiques d'un vernis attirant mais en réalité :

-Nous n'avons pas les moyens de rivaliser à un niveau purement athlétique avec des disciplines martiales compétitives tout simplement parce que nous n'avons pas de compétition et que les professionnels du sport vont souvent disposer d'une longueur d'avance sur nous.

-Nous n'avons pas toujours les moyens de falsifier la tradition alors nous nous cachons derrière des excuses pour ne pas réaliser les exploits des anciens que nous sommes bien en peine de réaliser aujourd'hui faute d'un entrainement adéquat et de connaissances suffisantes.

Alors, quel avenir pour l'Aïkido sur le long terme si nous en restons là ?

A mon ridicule petit niveau de kohaï, je pense que trois choix sont devant nous pour les futurs générations :

-Transformer l'Aïkido en discipline sportive (comme le Judo).

-Transformer l'Aïkido en discipline traditionnelle (comme le TYSR) en diminuant de facto les aspects sportifs.

-Transformer l'Aïkido en une discipline qui se trouve à mi-chemin entre les deux univers (comme le Karaté, futur discipline olympique qui prend peu à peu le même chemin que le Judo pour d'autres raisons). 

Ces trois possibilités disposent d'avantages certains et d'inconvénients réels. Dans le premier cas, nous perdrons la quasi totalité de notre identité et de notre technique au profit (peut être) d'une efficacité purement athlétique qu'une élite de professionnels du sport sera seule à maîtriser pour rapporter places, podiums, médailles, récompenses etc...

Dans le second cas, nous perdrons une grande partie du soutien financier de l'appareil étatique, l'intérêt du grand public va continuer à diminuer...mais nous assurerons peut être le salut de l'efficacité entre les mains d'experts réels. L'Aïkido risque de demeurer dans ce cas un art d'élite non adapté au plus grand nombre.

Dans le dernier cas, nous allons patiner et nous diviser pour conserver cet équilibre et l'Aïkido conservera peut être une petite partie de son efficacité auprès de quelques maîtres cependant le risque d'implosion est réel au profit d'autres disciplines. Ainsi, nous verrons peut être certains types d'Aïkido absorbé par d'autres arts.

Vous ne trouverez pas sur ces derniers points une préférence personnelle (je préfère le redire) où même une solution tout prête.Comme je le répète souvent si un kohaï comme moi peut faire ces simples constats, c'est que tout le monde le sait et que j'enfonce en réalité des portes ouvertes.

Maintenant que toutes ces "choses" sont dites ici et que, je le sens, vous allez vouloir gueuler un bon coup, je ne souhaite que vous transmettre mon espoir : ne restons pas ad vitam dans certaines impasses sans des propositions nouvelles.

Des alternatives existent au sein même de notre art. Un travail spécifique est possible à coté (ou même en parallèle) d'un répertoire technique plus conventionnel et complexe.

Je souhaite que toutes les écoles et formes d'Aïkido puissent s'exprimer sur ce sujet (ou pas) et que les élèves puissent se former efficacement en fonction de leurs désirs. De même, il n'est pas trop tard, certains géants existent encore de nos jours comme je le constatais sur d'autres sujets. La connaissance est encore là. Je souhaite donc simplement que l'Aïkido puisse encore faire rêver, y compris les combattants.

 

 

N.d.a : Si vous souhaitez approfondir le (vaste) sujet de l'efficacité (dans l'Aïkido ou pas), vous trouverez également quelques liens et ouvrages utiles :

-L'ouvrage "Aïkido : The arts of self-defense" de Koichi Toheï.

-Un article intitulé Aïkido VS réalitéd'Alexandre Grzegorczyk.

-"Face à la violence, se préparer à l'inattendu" de Rory Miller

-L'ouvrage Protégor(C), de Guillaume Morel et Frédéric Bouammache et un article intéressant sur le site Protégor intitulé "Ces arts martiaux qui vous rendent faibles".

-L'ouvrage Neurocombat, de Christophe Jacquemart.

-Un article intitulé "Aïkido, confiance en soi et self defense" de Léo Tamaki.

-Un article intitulé "Le Point Aïkido" d'Antoine Thibaut pour le magazine l'Art de la voie.

-Un article intitulé "Défense contre attaque au couteau, principes d'une défense efficace" de Bruce Dugardin

-Un article intitulé Histoire de duels au Japon et ailleurs, sur le blog Aïki-kohaï.

 

 

 

Rédigé par Aïki-Kohaï

Publié dans #Pratique de l'Aïkido, #Arts martiaux

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Apres 40 ans de aikido aikibudo et daito ryu que j'ai etudier en europe et japon je pense que l'aikido va dispsrsitre par manque d'intérêt de la part des nouvelles generation. Dans les années 70 tous les entrainements comporter des cours specifiques de self defense et ont ne craignez pas d'affronter des judokas, karateka ou boxeurs (choses que j'ai eu l'occasion de faire fréquemment). Au fil des années l'etude du aikido c'est renfermée sur lui même et helas je ne vois pas beaucoup d'avenir a ce style trop épuré.
Répondre
A
Bonjour Arie,<br /> <br /> Il y a de nombreuses causes au désintérêt actuel du grand public pour l'Aïkido et ses disciplines associées. La self-defense et l'efficacité ne sont que des composantes importantes (mais pas uniques) du problème et, selon les écoles (fédérales ou non fédérales), les façons de voir sont très différentes tout en posant là aussi différentes problématiques pour l'avenir.<br /> <br /> Précisons également qu'à ce jour, l'Aïkido demeure populaire chez les enfants et les seniors. Ce qui risque de causer de grandes difficultés, c'est surtout le désamour des tranches 20-40 ans pour notre discipline entrainant un gap dans le renouvellement des générations de pratiquant(e)s.<br /> <br /> En bref, je suis loin d'être optimiste pour ma part, mais pas désespéré non plus car des solutions existent bien.<br /> <br /> Pierre.<br /> <br />
S
Bonjour, j'ai eu 2 prof d'aïkido. Le premier m'a lancé dans l'art durant 4 ans. Puis j'ai rencontré le second. Ce dernier avait 20 ans d'art martiaux derrière lui, notamment full contact. Son éducation l'a poussé à la castagne, il aime ça. Il ne refuse jamais un combat de rue. Même si à l'orée de ses 60 ans, ils tentent de s'assagir avec comme devise " la violence ne sert qu'à cacher l'incompétence". Il dit qu'à un moment, il a fallu qu'il fasse un choix entre full contact et aîkido. Car les techniques de l'un venaient polluer celle de l'autre. Il a fait le choix de l'aïkido justement influencé par son goût de l'efficacité maximale. À son contact je réapprends tout afin de m'orienter vers un aîkido très martial. Celui au plus proche, il me semble, de celui voulu par Morehei Ueshiba. Son propre Prof, Alain Peyrache est d'ailleurs issue de toute la lignée des grands maîtres qui se sont efforcés de garder intact l'aïkido de maître Ueshiba. En évitant de modifier son aïkido. Quand on commence à en comprendre un tout petit peu les suptilités c'est magnifique de simplicité et d'efficacité. Le malheur est que vous pouvez pratiquer 40ans. Mais si personne ne vois les montre ces subtilités, vous passerez à côté de l'aîkido. Vous aurez fait 40 ans de dance ! Bonne journée, Damien
Répondre
A
Bonjour Samuel et merci pour ce retour.
T
Bonjour Léo <br /> Encore une fois merci pour cette article .<br /> À qui la faute?<br /> Je viens d’ouvrire mon dojo et je pratique un aïkido différent de mes professeurs qui m’ont permis d’a Des bases et aujourd’hui je les modifiers pour les tendres plus réels.<br /> Francois
Répondre
A
Bonjour François, <br /> Je sais que Léo apprécie cet article :-) Il sera amusé de voir qu'on peut désormais nous confondre sur certains sujets.<br /> <br /> Bien à vous.<br /> <br /> Pierre
P
Bonjour, <br /> <br /> Bravo pour cet article! Je le trouve percutant, questionnant et documenté. <br /> Me concernant, l'aïkido est mon art de vivre, de penser interconnecter à d'autres à martiaux ou sports de combats ainsi qu'à des outils de psychologies et de coachings. Mon frère qui est garde du corps, pratiquant de MMA et ouvert à tout enseignement permettant d'enrichir ses pratiques pour une meilleure sécurité de soi et de l'autre m'a dit un jour: "Les personnes que nous craignons le plus sont celles qui maitrisent l'Aïkido." Le choix de mon professeur était basé sur 2 critères: développement intérieur et capacité à déjouer les situations de violences, de crises; sa phrase emblématique basé sur son enseignement de l'aïkido en Israël ma dit: " tu dois être aussi détendu que si tu étais en train de regarder un bon film en mangeant des cacahuètes alors que tu risques de mourir dans une seconde."<br /> l'Aïkido ne peut être réellement sans la réalité des atémis d'une part et sans la prise en compte de nos émotions lors d'une réelle situation d'agression ou de violence. J'ai enrichi ma pratique de l'aïkido en pratiquant le taï chi, le kajukenbo, le goshindo, le pancrace, la luta livre et le jujitsu brésilien. Il est important de savoir réellement ce que viens chercher le pratiquant d'arts martiaux ou de sport de combat et l'amener à développer des outils intuitifs, physiques, mentales pour face à des situations différentes tout en gardant son intégrité physique, psychologique au maximum. Le MMA a prouvé qu'aucun art martial ou sport de combat n'est éfficace à 100% mais que leurs interconnections, que la notion réelle de vie et de mort est ce qui a de plus efficace. Notion qui se perd car nous vivons dans un monde de paix et non de guerre malgré la peur des attentats qui a ravivé nos peurs les plus archaïques.
Répondre
A
Merci pour ce retour Philippe. Je partage votre désir de laisser le pratiquant développer différents outils pour parvenir à développer tous les aspects de l'art qu'on pratique, y compris pour ceux qui viennent chercher des "arguments" bien "réels" si je puis dire :-).
B
Bonjour. j'ai pratiqué l'aikido dans ma jeunesse, il y a plus de 30 ans..Bravo pour votre article que je trouve très juste et très lucide.
Répondre
A
Bonjour,<br /> <br /> Merci de votre retour :-)<br /> <br /> Pierre