Yoko Okamoto : Un Aïkido d'exception
Publié le 28 Avril 2014
Vidéo d'un séminaire à Offenbach proposée par Aikinomichiwien
Okamoto senseï est, je dois l'avouer, l'un des senseïs avec lequel je rêve de travailler un jour sur un tatami. Il était donc logique que je finisse par vous proposer son travail fascinant et sa technique de haut vol afin que chaque kohaï qui passe par là puisse se rendre compte de ses qualités et rêver un bon coup avec moi.
Cet article vous propose d'ailleurs en préambule une vidéo et un cliché de bonne qualité. Je cite, remercie et plébiscite chaleureusement d'ailleurs leurs auteurs.

Festival des Arts Martiaux 2012 : (Photo: J.Vayriot et F.Cabarbaye/Karaté Bushido)
Parlons un peu de cette Aïkidokate d'exception :
Yoko Okomato commence l'aïkido à 22 ans à l'Aïkikaï (au Hombu Dojo) en 1977 sous la direction du second doshu Kisshomaru Ueshiba. En 1978 elle fera la connaissance de Yamaguchi Seigo senseï qui influencera sa pratique (elle est alors 5e kyu). Puis elle quitte le japon pour la France où elle restera pendant deux ans et demi. Elle étudiera notamment avec Christian Tissier shihan. Sur les conseils de ce dernier, elle reprend contact en France avec Yamaguchi senseï lors d'un stage et elle poursuivra avec lui son enseignement une fois de retour au japon en 1981. Yoko Okamoto étudie également avec Shibata Shihan à cette période.
Yoko Okamoto senseï (qui est une vraie globe trotteuse) quitte à nouveau le japon en 1989 pour les USA. Elle y fondera l'Aïkikaï de Portland en 1991 et y assume le rôle de Dojo-cho (instructeur en charge du dojo) jusqu'à son retour au japon en 2003. Dispensant d'abord ses cours dans de nombreux dojos municipaux de Kyoto, elle fonde finalement dans cette ville mythique le fameux Nishijin Dojo dont la réputation n'est aujourd'hui plus à faire. Elle y gagne le surnom de Dame De Kyoto. En 2006, Yoko Okamoto obtient finalement son 6ième Dan prouvant au petit monde de l'aïkido souvent trop masculin qu'on peut être une femme et une figure de proue incomparable de notre discipline.
Je ne m'étendrai pas trop sur les qualités humaines (et son Français impeccable soyons chauvins) que mon propre senseï m'a gentiment vanté car je n'ai moi même jamais eu la chance de rencontrer la dame de kyoto mais je me suis beaucoup documenté sur son enseignement technique et il semble qu'une attention toute particulière soit mise sur les bases de notre pratique (merci Yoko !). Emmanuel Marès, son élève, indique d'ailleurs (dans une interview d'avril 2011 de Karaté Bushido que je vous invite à lire) ; "Ce qui m'a surpris lors des premières séances, c'est que l'on pouvait passer plus de la moitié du cours à travailler sur les postures, les déplacements, les positions de base... La première fois c'est un peu déroutant".
Yoko Okamoto met l'accent dans son travail (avec les adultes mais aussi les enfants pour lesquels elle accorde une grande place comme le prouve notamment son intervention lors des 30 ans de la FFAAA que je vous invite à découvrir) sur les fondamentaux et les exercices simples. C'est une experte de la minutie avec un enseignement à la japonaise (c'est à dire avec le corps et peu de mots). Son travail au tanto que vous pouvez observer dans la vidéo est propre, simple, efficace, naturel. La seule analogie que je pouvais trouver en la découvrant était celle d'un mécanisme d'horlogerie.
Elle est également sensible comme Philippe Gouttard (dont je ne cesse de vous rabattre les oreilles) à l'apprentissage de l'intérieur et sensibilise ses élèves aux utilisations de la mécanique corporelle, quel muscle travaille, comment, pourquoi, dans quelle logique s'inscrit la technique qui va solliciter telle partie de votre squelette etc etc...
Ce travail intéressant et indispensable à mon sens à le mérite d'affiner les sens du débutant et du vétéran et transforme le pratiquant en un Aïkidoka respectueux de son corps et du corps de ses partenaires. On peut d'ailleurs remercier les senseïs qui font l'effort d'y prêter attention. C'est pour moi le signe d'un regard différent sur l'Aïkido loin des sempiternels clichés traditionnels qui veulent parfois qu'on oublie son corps afin de dépasser ses limites et d'atteindre le geste juste. Yoko semble sensible au fait de prendre cette problématique à l'envers et de faire coexister ce respect physiologique avec l'efficacité.
Si je devais enfin conclure ce petit article sur la dame de Kyoto je vous inviterais à vous renseigner sur son travail tout simplement et vous laisse en compagnie d'une de ses citations :
"Our job as instructors is to give our students the hope, the dream, some kind of spark."
--- Yoko Okamoto Sensei