L'oeil du kohaï sur : Nihon Taï Jitsu, de la ceinture blanche à la ceinture noire de Xavier Duval

Publié le 30 Décembre 2018

L'oeil du kohaï sur : Nihon Taï Jitsu, de la ceinture blanche à la ceinture noire de Xavier Duval

Il y a quelques mois j'ai pu récupérer, par l'intermédiaire de mon entourage martial, l'ouvrage dédicacé du terrifiant rédacteur-en-chef de Yashima : Xavier Duval. Je souhaitais évoquer avec vous à la fois mon feedback sur ce travail passionnant non pas parce que Xavier est un ami et désormais un partenaire de travail mais parce que j'ai trouvé pour moi-même de nombreuses pistes de pratique dans un ouvrage à l'origine destiné aux pratiquants de Nihon Taï Jitsu.

Ce constat peut paraître très étonnant mais...rappelons immédiatement que la discipline est véritablement cousine de l'Aïkido de par sa filiation évidente avec le travail de Minoru Mochizuki et son fils Hiroo Mochizuki (dont vous trouvez un CR détaillé de notre rencontre et un album photo ainsi que des vidéos bonus sur la chaîne Aïki-kohaï).

Rappelons également que Xavier est un ovni du Nihon Taï Jitsu disposant effectivement d'une expérience transversale et de compétences dépassant de très loin le simple cursus "habituel du Nihon Taï Jitsu". Je suis heureux d'avoir pu faire son interview complète que vous dénicherez dans ces colonnes suite à notre rencontre pour la NAMT 2017.

Passons donc ensemble à l'examen minutieux de cet ouvrage "terrifiant" de façon positive et à de multiples niveaux :-)

Xavier et Arnaud à la Namt 2017 (Photographie : Aïki-kohaï)

Une initiation au Nihon Taï Jitsu :

Bien écrit, concis, assez clair et documenté pour qu'un profane du Nihon Taï Jitsu se retrouve immédiatement, l'ouvrage est tout d'abord une porte d'entrée pour un public néophyte. J'ai particulièrement apprécié les nombreuses pages historiques dédiées aux différents "parents" de la discipline et notamment Jigoro Kano, Moriheï Ueshiba, Minoru Mochizuki, Jim Alcheik et Roland Hernaez (son fondateur).

Pas toujours d'accord avec Xavier sur certains (petits) points de détails historiques, nous nous retrouvons toutefois sur l'ensemble de l'héritage du Nihon Taï Jitsu qui est extrêmement bien détaillé. 

Faisant suite à la partie consacrée aux origines, deux chapitres sont ensuite destinés à l'organisation du dojo, l'étiquette et les fondamentaux. C'est précisément là où l'ouvrage mérite toute l'attention du lecteur car ces parties concrètes sont bien souvent le parent pauvre des ouvrages martiaux.

Soit elles sont extrêmement rébarbatives et se composent d'une liste de règles absolument gigantesques et obscurs pour un débutant.

Soit elles sont extrêmement touffues et sont parfois indigestes.

Xavier réussit le difficile exercice de maintenir l'équilibre entre toutes les composantes d'un tel sujet sans noyer le lecteur. Évitant certains écueils et redites, on prend donc plaisir à étudier à nouveau cette facette martiale bien connue d'un bout à l'autre du chapitre qui lui est consacré.

Mention spéciale pour certaines explications du sens de l'étiquette (et notamment les différents saluts) tout à fait pertinentes.

Un enseignement technique approfondi :

La partie traitant des fondamentaux est également un point fort de l'ouvrage au delà des photos du catalogue technique. Xavier étant également instructeur confirmé en Aunkaï bujutsu, la méthode d'Akuzawa senseï, il enrichit ainsi sa pratique du Nihon Taï Jitsu en apportant des compléments indispensables liés à l'utilisation du corps, à la posture, à l'équilibrage et au maintien de la structure interne.

Ces ajouts sont loin d'être anecdotiques ou inutiles. Il donne une nouvelle dimension interne à un travail souvent considéré comme externe dans une discipline où 100% du contexte se déroule à mains nues (avec parfois des configurations contre des armes de poing et/ou des couteaux).

Dans un microcosme où l'on s'imagine parler uniquement d'efficacité, je suis heureux d'entendre et de lire des intervenants de la discipline comme Xavier (mais aussi Richard Folny dont vous trouverez l'interview sur ce lien) rajouter du sens à cet martial moderne naviguant entre les techniques de Jujutsu et les valeurs du Budo. 

Cette présentation rend d'ailleurs moins hermétiques les différentes photos proposées à la suite.

La dernière partie couvre enfin un élément très apprécié des artistes martiaux : les katas. J'ai apprécié découvrir l'origine historiques de certains des 13 katas du cursus et notamment le kihon kata créé par Shizuya Sato (ce que j'ignorais), fondateur du Nihon Jujutsu et hanshi de Judo.

Conclusion :

L'ensemble de l'ouvrage me démontre à la fois la porosité du Nihon Taï Jitsu, sa pertinence, et l'intérêt de la pollinisation des idées dans nos différentes disciplines. Très heureux de pouvoir connecter ma pratique sur différentes sujets méconnus ou oubliés des Aïkidokas (comme les atémis ou bien les étranglements), je suis également satisfait d'avoir pu enrichir mes connaissances générales.

Sans surprise, je vous recommande donc chaudement le livre de Xavier (disponible en Anglais et en Français) à toutes et à tous. Il s'agit d'un outil qui saura se montrer utile et pas seulement aux chercheurs, ni aux pratiquants d'une discipline cousine du Nihon Taï Jitsu ou purement pieds-poings.

L'ensemble des données compilées par l'auteur s'étend bien au-delà des frontières de la création de maître Hernaez, lui-même infatigable chercheur, il permet donc d'élargir à coup sur sa base de travail et l'ensemble de votre horizon.

 

PS : Il est possible de se procurer l'ouvrage en Français sur différents site en ligne et notamment sur ce lien. Vous pouvez également contacter l'auteur à ce sujet.

Rédigé par Aïki-Kohaï

Publié dans #Actualités-Nouveautés, #L'oeil du kohaï, #Aunkai, #Arts martiaux

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