La pratique du coeur : Compte-rendu d'une soirée de stage avec Hélène Doué le 14 novembre 2018

Publié le 25 Novembre 2018

Photo : Aïki-kohaï/Pascal Raynaud

Photo : Aïki-kohaï/Pascal Raynaud

J'essaie de vous proposer en ligne des compte-rendus de stage depuis 2014. Ces "CR", désormais réclamés par les lecteurs, sont le fruit d'un important travail. Toutefois, rares sont les enseignants pour lesquels j'ai choisi de produire non pas un mais deux comptes-rendus de stage (et même plusieurs pour Gouttard-senseï).

Cela ne veut pas dire que j'abandonne tel ou tel senseï. Le format du CR se prête plutôt à la découverte avec un coté, première expérience avec X ou Y, et il me faut une bonne raison d'y déroger.

Hélène Doué, que j'ai rencontré en 2015 presque en même temps que Fabrice Croizé pour lequel j'ai réalisé à la fois un compte-rendu de stage et une interview, restait justement dans ma mémoire comme un fil rouge essentiel de ma pratique. Nous étions restés en contact et j'ai suivi, chaque fois que cela était possible, son travail et ses conseils.

C'est avec une immense joie que j'ai pu la retrouver lors de son premier stage à Chelles. La (re)découverte était totale puisque je ne connaissais à la fois ni le dojo, ni le club, ni aucun des pratiquants de la région en dehors des élèves d'Hélène présents pour l'occasion.

Cet état de fait est d'autant plus étrange car... j'habite en Seine et Marne ! Et je répète souvent aux débutants qui m'interrogent de s'assurer d'une pratique régulière en progressant dans un dojo à proximité de leurs activités principales (tout en passant des heures et des heures dans des dojos très éloignés)...

En cette belle soirée de novembre, enfin ravi de suivre mes propres conseils, je suis également heureux d'avoir pu communier avec le sympathique E.S.C.G - section Aïkido (Entente sportive Chelles Gambetta) et de retrouver quelques belles âmes de l'Olympiades Aïkido Club.

Mais commençons par le menu. Ceux qui cherchent à découvrir le parcours de notre professeur du jour peuvent à la fois se référer à mon premier CR sur le sujet mais aussi à l'excellente interview réalisée par Patrice ou bien celle-ci réalisée par Nicolas dans le cadre de sa rubrique "dix questions". Je n'ai rien de plus à y ajouter aujourd'hui si ce n'est qu'Hélène n'est pas qu'"un pur produit de Vincennes" comme on la résume souvent et moi le premier au départ.

Entièrement dédiée à son art autant qu'à ses élèves, elle possède ce supplément d'âme que l'essence même de sa pratique et le substrat de sa technique ne pourra jamais résumer. C'est ce que je n'avais pas oublié depuis notre première rencontre. On revient voir Hélène en stage autant pour son Aïkido que par le cœur qui le transmet et, si cette notion n'avait pas manqué de m'échapper il y a trois ans, je voulais le répéter ici.

 

Crédits photos : Aïki-kohaï/Pascal Raynaud

 

Le contenu du stage :

Dans un style scolaire et bien construit, le fil rouge de notre soirée était sans doute de donner de la mobilité et de la lisibilité à notre pratique (et notamment nos déplacements dans l'espace). En commençant par des techniques basiques comme Ai Hanmi Katatedori Ikkyo ura pour aller vers des déplacements plus complexes comme Hanmi handachi waza irimi nage, nous étions prévenus que les choses allaient s'enhardir.

Hélène mettant le doigt particulièrement sur les déplacements basiques irimi tenkan ou irimi tenkan henka dans la série des techniques proposées, on peut croire aussi que l'ennui allait gagner votre serviteur mais qu'on se détrompe : c'est bien là une force de l'enseignement d'Hélène.

Comment reprendre les bases en rendant les choses moins sérieuses, moins rébarbatives, moins ternes sont les maîtres-mots du stage. Nous sommes d'ailleurs bien loin de maîtriser l'ensemble des déplacements pointés plus haut, jugés si faciles à réaliser en dehors d'un contexte qu'on en oublie... la totalité du déplacement selon les cas :-)

Les mettre en oeuvre de façon claire dans l'action est donc un préalable indispensable qu'il est bon d'étudier régulièrement sous la houlette d'un professeur à l'écoute. Parvenir à rendre lisible et clair son Aïkido n'est pas facile et je suis heureux d'avoir eu Hélène à mes cotés tout le long du stage.

Je me sens d'ailleurs particulièrement concerné par mes dernières remarques car je suis enfin habitué à des professeurs dont l'Aïkido est intuitif et spontané. Après 5 ans de pratique, j'ai donc l'habitude de produire un Aïkido instinctif répondant à une situation. Comme beaucoup de pratiquants commençant à cumuler les heures de vols, j'ai également des habitudes (bonnes ou mauvaises) et ces éléments vont parfois entrer en contradiction avec les propositions d'autres professeurs ou mon intention première. Le résultat est une pratique brouillonne et/ou au mieux juste sans pour autant répondre aux attentes du professeur.

Mention spéciale à mon instant préféré du stage où, très surpris et manifestement décidé à rester incognito, j'ai eu l'honneur de servir d'uke pour Hélène :-)

Pour ceux qui sont habitués à être "cobayes" d'un tel enseignant, vous trouverez cela sans doute très surfait ou anecdotique. Pour moi il n'en est rien. Lorsqu'on enseignant m'appelle au milieu je suis toujours surpris. Au mieux je pense que c'est une erreur, au pire je perds parfois tous mes moyens...

 

 

Tirer les élèves vers le haut :

Pendant environ deux heures, nous avons pu échanger avec Hélène. A la fois sur et hors du tatami, nous nous sommes retrouvés et j'ai été heureux de l'intérêt qu'elle a porté tout le long du stage à venir corriger mes nombreuses erreurs.

Mention spéciale au travail des entrées directes que nous avons pu mettre en application dans différentes variantes d'irimi nage puis un kokyu-nage.

Beaucoup d'anciens, de vétérans ou bien d'habitués sont enfermés dans une spirale d'autosatisfaction où, ignorés par les enseignants (habituels ou occasionnels), pensent alors que c'est parce que leur pratique n'amène aucun commentaire. A mon sens, je suis plutôt persuadé qu'il est indispensable de sentir son enseignant (très) impliqué dans nos différents processus d'apprentissage pour obtenir les clefs nécessaires à une  progression rapide. J'ajouterai qu'un professeur ne portant aucun intérêt à la pratique de ses élèves peut difficilement le faire progresser par pure imitation de façon constante.

Bien souvent, le travail acharné et la répétition sont signifiants dans une pratique. Toutefois, elles n'ouvrent pas toutes les portes de la compréhension si l'attention du senseï n'est pas là ou pire, s'il se désintéresse totalement de vos échecs. Ainsi, je n'imagine pas la relation yudansha/mudansha sans de profonds échanges et une participation pro-active des deux parties.

Dans le cas de ce stage, il est intéressant de noter qu'Hélène prenait justement le temps d'échanger avec chacun sur le fond et la forme. A la fois sur la technique mais aussi de cœur à cœur sur l'ensemble. Pour l'avoir déjà vu faire lors des passages de grades où elle réconforte les déçus et encourage les participants, il ressort toujours du positif de ces discussions, de nombreuses pistes de travail mais aussi le sentiment d'avoir un fil conducteur précis donné par un expert bienveillant et sincèrement préoccupé par le fait de hisser tout le monde vers le haut et non pas quelques élus.   

 

 

Conclusion :

La conclusion globale est simple. Trouver cette qualité de relationnel dans un stage est extrêmement motivant pour un pratiquant. Je remercie du fond du cœur Hélène, ses élèves, et l'ensemble des organisateurs pour ce stage gratuit (rappelons le) et accessible à tous.

En cette période complexe pour votre serviteur, il est toujours bon de vivre des "instants boussoles"comme je les appelle volontiers et qui vont nous guider vers de meilleurs auspices. 

Une seule déception : l'absence imprévue de mon comparse Guillaume Roux qui, je l'espère, sera plus disponible pour venir profiter avec moi lors d'une prochaine fois :-)

 

 

Rédigé par Aïki-Kohaï

Publié dans #Compte-rendu, #Stages, #Pratique de l'Aïkido

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